Impressions d'un nouveau voyage dans l'est du Canada : témoignage de Jean-Pierre M
Notre cinquième voyage dans cette région de l’est du Canada avait pour objectif de découvrir le seul état que nous ne connaissions pas encore : l’Ile du Prince Edouard. Paulette avait eu cette idée lors du précédent voyage en Nouvelle Ecosse et à Terre Neuve en 2011.
Comme pour les précédents voyages dans cette région nous avions réservés notre véhicule à Montréal par l’intermédiaire de Camping-Car One Line à Paris
L’Ile du Prince Edouard est une très petite île et ne pouvait à elle seule être l’objectif unique d ‘un voyage de quatre semaines.
Aussi j’ai prévu un circuit qui nous ferait découvrir des secteurs qui nous avaient échappés lors de nos précédents voyages au Québec. Ainsi de Montréal, par Trois-Rivières et après avoir traversé des régions très cultivées (mais en partie inondées) nous nous dirigeons au nord vers Shawinigan et séjournons 2 jours dans le Parc de la Mauricie. Puis par la route 155, accidentée et sauvage, (la seule « ville « traversée est La Tuque) et au travers de la forêt canadienne nous avons rejoint le Lac St-Jean. Contraste ici : le littoral du lac est très habité et cultivé, riche : le paysage estparsemé de grosses fermes d’élevage et de culture. Puis changement de cap, nous retournons vers le sud par la 175 et traversons d’autres paysages plus montagneux, le parc Jacques Cartier et retrouvons le fleuve St-Laurent à Québec. Nous avons ainsi empruntés des routes encore inconnues de nous dans cette région pourtant parcourue plusieurs fois.
De Québec nous longeons la côte nord du fleuve avec une nuit d’arrêt sur le port d’embarquement de l’Ile aux Coudres. Le lendemain nous traversons par le bac l’embouchure du Saguenay et poursuivons notre route vers l’est par un temps médiocre. Après Tadoussac le paysage devient plus sauvage, la côte plus accidentée. C’est avec plaisir que nous empruntons cette route pourtant déjà parcourue plusieurs fois. Avant d’embarquer à Godbout pour prendre le traversier et gagner la Gaspésie nous passons une nuit dans un beau camp aux Bergeronnes, face à une mer très agitée qui nous inquiète pour le lendemain mais nos craintes se sont avérées vaines !
De l’autre côté c’est Matane : le climat et la température sont soudain beaucoup plus clément comme si le fleuve créait une barrière nord sud !
Nous redécouvrons cette côte de la Gaspésie aux villages colorés portant des noms bien particuliers (L’Anse au Renard, Cap-Chat, Rivière à Rebours… ) Nous l’avions déjà parcourue voilà 10 ans. Nous constatons peu de changement : cette région conserve son orientation très touristique : c’est la grande région d’accueil des vacanciers québécois et la côte ne s’est pas trop urbanisée. Nous effectuons un petit crochet dans l’intérieur de la péninsule, dans le parc Albert encore peu fréquenté à cette époque : un paysage de petites Rocheuses avec les sommets encore enneigés. Plus à l’est, à la pointe de la Gaspésie nous passons une journée dans le parc du Forillon pour le cadre très impressionnant, à la fois montagneux et maritime. Nous aurons la chance de rencontrer l’ « Ours » au cours de la promenade vers le cap, animal fréquent dans ce parc. Bien sûr nous faisons une halte « boutique souvenirs » au grand point touristique de cette région : le Cap Gaspé et sa célèbre « Roche Percée ».
La côte sud de la Gaspésie est moins recherchée des touristes exceptés lorsqu’on rejoint à l’ouest la Baie des chaleurs, secteur qui mérite bien son nom : il faisait beau et chaud. L’accueil des touristes en bien organisée dans de petites villes comme Caspédiac ou Carleton- sur- mer. L’arrêt d’un soir sur le parking d’un village nous a donné l’occasion d’être invité à une soirée »bingo »(loto ), activité des longues soirées particulièrement prisé dans ce pays !
Nous poursuivons notre voyage en gagnant par Campbelton le « Nouveau Brunswick ». Là encore c’est une redécouverte de cette côte parcourue en 2006. Elle est en général peu accidentée mais découvre néanmoins des paysages très variés et des populations autochtones très attachantes. En effet bien que le N.B. soit en réalité le seul état officiellement bilingue du Canada les anglophones partagent le territoire avec un fort peuplement accadien qui perpétue le « français » de l’époque de la conquête. Les noms des villages traduisent cette prépondérance : Grande-Anse, Belledune ,Val-Commeau…. Des symboles particuliers marquent le paysage : le bleu-blanc-rouge (marqué de l’étoile jaune) fleurit sur les poteaux du téléphone, les bancs publics mais aussi sur les phares comme à Caraquet où se déroule un grand festival accadien. A Bouctouche on perpétue la mémoire de « la Sagouine » et de « Pélagie la Charrette » : Antonine Maillet où est toujours bien présente.
Le grand parc naturel de Kouchibouguac permet de se rendre compte de ce qu’était la vie du peuple « premier » qui vivait ici et des colons qui vinrent s’y installer. C’est également une réserve faunistique où l’on peut voir un nicheur rare : le pluvier siffleur, mais les autres espèces animales emblématiques : ours et cerfs, porc-épic sont également présentes.
La pêche au homard représente une très grosse activité économique sur cette côte avec la « capitale « de cette production : Tracadie-Shédiac qui symbolise cette activité par la présence d’un énorme homard en bronze haut de quelques mètres et pesant plusieurs tonnes ! Pourtant cette pêche se pratique avec de petites unités, avec un ou deux hommes à bord qui vont relever journellement leurs casiers mouillés peu loin de la côte. Au retour le produit de leur pêche est entreposé dans un local sur le port où un camion frigo passera prendre cette récolte. Nous avons bien sur profité de ce produit en arrivage direct du bateau !
Nous poursuivons notre vers notre objectif et atteignons le sud de la côte et empruntons le « Pont de la Confédération »qui permet depuis 1997 d’atteindre l’Ile du Prince Edouard et qui a bouleversé la vie de l’île.
Long de 13 km il a été longtemps le pont marin le plus long du monde. Il doit son nom au fait que en 1864 les représentants de nouveaux états de cette région d’Amérique du nord se sont réunis dans cette ile pour officialiser la création du jeune Condominium du Canada.
L’I.E.P. est longue bande terre de 224 km de long sur une largeur variant de 60 km à 4 ! Son altitude est faible (145 m.) et le relief moyennement vallonné : forêts, prairies et cultures marquent le paysage. La coté est bordée de falaises de roche rouge, avec de profondes échancrures abritant de petits ports et de longues plages de sable également rouge. Une partie de la côte Est est bordée d’un cordon de dunes littorales qui sont classées Parc Naturel. Le sol est fertile et l’activité principale réside dans la culture de la pomme de terre qui se pratique sur de grandes étendus jusqu’au bord du littoral. La pêche au homard et le tourisme tiennent également une grande part dans l’économie de ce petit territoire. De nombreux phares anciens en bois, souvent blanc et rouge, marquent les pointes extrêmes de l’île. Beaucoup d’entre eux sont encore actifs malgré leur apparence vétuste même s’ils sont maintenant automatisés. De charmants petits village très touristique bordent la côte est et la promotion en est bien assurée. Notons pour l’histoire locale la visite obligé de « Green Gable » site de la romantique histoire de « Anne » héroïne de la longue suite de romans de Lucy Maud Montgomery traduits en 47 langues !
Curieusement bien que cet état canadien soit anglophone la majorité des informations touristiques ou routières sont aussi en langue française. Il est vrai que sur la côte ouest de l’ile subsiste là aussi encore une forte population acadienne qui perpétue la culture et les traditions anciennes. La population indienne d’origine les Micmacs a quasiment disparue.
Nous en avons fait le tour en une semaine, ce qui suffit largement, en nous inspirons des circuits proposés dans les guides. La vie est paisible et l’accueil sympathique, l’ambiance rurale, calme. Cette île n’est peuplée que de 140 000 habitants. Beaucoup vivent dans la capitale : Charlottetown(34000), nous n’avons fait que la traverser.
Les ports de cette île nous ont paru bien plus importants qu’au N.B. : une rangée impressionnante de bateaux alignés le long des quais attendent le départ du matin. Certain partent pour une pêche au filet (quel poisson ?) mais la majorité recherche le homard. Cette pêche intense m’a fait leur poser la question de sa pérennité… sans obtenir de réponse fiable et pourtant ils ont l’expérience de la morue qui après avoir fait la fortune de cette région est aujourd’hui totalement disparue…. Là encore nous avons apprécié le produit de cette pêche !
Cette visite de ce petit état étant bouclée, par le Pont de la confédération nous retrouvons le continent. La suite de notre voyage sera constituée par la traversée du New. Brunswick d’abord en empruntant le route de la vallée du fleuve « St-Johns » mais aussi en effectuant quelques détours et arrêts notamment dans le Parc du Mont Carleton une grande réserve éloignée de la route secondaire. Ici nous revivons un vrai retour dans le temps, l’immersion totale dans une nature vierge parfaitement protégée.
Une remarque : bien que circulant dans l’intérieur de ce pays nous avons toujours et partout pu converser en français : notre langue reste donc encore bien implantée en pays anglophone.
Nous avons ensuite rejoint la côte de la Gaspésie par la route traversière de la Matapédia et rejoint la côte sud du St-Laurent avec un arrêt dans le très beau parc du Bic en bordure du fleuve, riche en faune et flore locale. Nous avons achevé ce voyage en poursuivant le long du St-Laurent jusqu’à Montréal (St-Janvier) où nous avons remis notre véhicule le jour de la Fête Nationale du Québec le 24 juin.
Durant 28 jours nous avons parcouru 6 500km. dans cette région est du Canada
découvert l’Ile du Prince Edouard ( anciennement » Ile Royale ») et revisité une partie du Québec et du New-Brunswick. Comme à notre habitude nous avons souvent pratiqué du « camping sauvage » en nous stationnant pour une nuit au pied d’un phare, souvent sur le parking d’un port, sans rencontrer la moindre remarque des habitants ni des autorités. Très souvent même pour ne pas dire à chaque soir nous avons eu des visites du voisin, d’un pêcheur, de passant qui venait s’enquérir des raisons de notre voyage dans leur pays. Des échanges toujours fructueux.
Un voyage agréable, reposant (de petites étapes) seul bémol : le soleil n’a pas toujours été de la partie ! qu’importe !
Autre regret ce voyage aura été sans doute le dernier dans cette accueillante région francophone du Canada…..